Mon Roi (2015) de Maïwenn

 

Maïwenn a du talent pour filmer les grands moments de gêne comme elle le faisait dans son superbe Polisse. C’est ce qu’elle refait ici par exemple dans une scène déchirante où Tony, jouée par Emmanuelle Bercot, hurle et crache son désespoir à la face des amis de son mari lors d’un apéro.
Toutefois ce n’est pas ce qui gêne le plus dans ce film, non ce qui gêne c’est que pour filmer l’effondrement d’un amour, il faut d’abord s’appliquer à bien filmer l’amour qui naît (ce qu’a compris Blue Valentine), or ici on n’y croit malheureusement pas une seule seconde…

Vincent Cassel qui incarne Georgio, a un talent certain pour jouer le « roi des connards », il en a moins, dans ce film, pour jouer l’amour naissant. Car comme il le dit lui-même, et c’est peut être une des remarques intéressantes du film :  « tu me quittes pour ce qui t’a plu chez moi au départ » et c’est bien la question que l’on se pose dès le début du film et qui empêche qu’on y adhère complètement… Pourquoi une femme comme Tony s’énamourerait d’un homme aussi imbu, creux et insupportable que Georgio et attendrait dix ans pour commencer à agir ?

Maïwenn donne l’impression de vouloir filmer la violence patriarcale dans le couple, avec ce que cela pourrait avoir d’universel, mais elle filme avant tout celle d’une part de la grande bourgeoisie parisienne, inconséquente et droguée. Car ce qui différencie avant tout Georgio de Tony c’est bien une différence de milieu plus que de genre.

 


Se faisant Maïwenn donne l’impression de régler ses comptes avec un microcosme insupportable qu’elle a du connaître de près (et l’on se dit que franchement l’on aimerait pas être l’ex de Maïwenn regardant ce film...), et réalise en réalité un nouveau La Vie d’Adèle, en bien plus mauvais, moins profond et plus caricatural. 

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