Better Call Saul (Saison 1) : le retour réussi de l'univers tragi-comique de Breaking Bad


Quel plaisir de retrouver l’univers de Breaking Bad !

Le défi était de ne pas tomber dans le pur spin-off nostalgique, il fallait qu’il soit motivé par quelque chose d’autre que la rupture toujours difficile à accepter.

On retrouve les qualités formelles qui avaient fait la qualité de la série : de superbes plans de caméras qui changent de la banalité extrême d’une partie de la production américaine, un humour très noir… 


Le second défi était de savoir si le personnage fort sympathique de Saul avait l’épaisseur nécessaire pour justifier un spin-off, qui plus est un préquel, c’est-à-dire l’évolution d’un personnage dont la carrière ne décolle pourtant pas de manière exceptionnelle à en croire le stade où il en est arrivé lorsqu’il est contacté par Walter White. 

Après cette première saison on peut définitivement dire que oui. Bob Odenkirk, acteur déjà âgé (53 ans) et habitué des seconds rôles, se révèle comme un acteur génial et trouve enfin un rôle à sa mesure. Le personnage de Saul s’insert dans le refus déjà présent dans Breaking Bad du monde en noir et blanc par la finesse de ses ambiguïtés. Il est le paradoxe entre une certaine grandeur morale, une éthique finalement plutôt stricte, et les moyens qu’il est obligé de mettre en œuvre pour les réaliser. Comme pour le personnage de Walter White, son aspect comique est vite balancé par l’intensité des souffrances dont il est la victime dans cette réactualisation de Caïn et Abel.
Les seules limites de l’acteur sont tout simplement…physiologiques. On est en effet moins convaincu par les scènes où il interprète le jeune Saul dans les flashbacks qui le font ressembler à une espèce de vieux déguisé en jeune (ce qui est d’ailleurs techniquement le cas), pas sur que de faire ressembler Saul à un Brice de Nice sur le retour favorise l’immersion. 

 

Vince Gilligan, le créateur des deux séries, a encore la capacité de nous surprendre lorsqu’il il traite en filigrane du sujet difficile et peu connu de l’hypersensibilité électromagnétique et des souffrances réelles de ceux qui en sont victimes ou pensent l’être. Il fait toutefois le choix de prendre le parti du psychosomatique…

 

Une des limites possibles de la série est sa forme de préquel, qui, bien que classique dans le cinéma, peut s’avérer frustrante dans une série : contrairement à Breaking Bad où il était réellement possible de s’attendre à tout, puisque l’on connaît ici la fin, les marges de manœuvres des créateurs sont ici délimitées par la cohérence avec leur précédente œuvre. Cela n’entrave toutefois pas un suspense certain au cours des épisodes, ce qui est d’ailleurs un réel gage de qualité.
Une autre est possiblement les petits problèmes de crédibilité dans certaines intrigues que l’on n’avait pas dans la trame précédente.

Après Breaking Bad, série entrée dans l’histoire, Better Call Saul réussit son pari d’être son digne successeur dans cette lignée de la comédie noire, où l’accumulation des pires décisions possibles de ces loosers sympathiques dépeint une fine satyre de la société américaine contemporaine.  

 

 

 

La bande-annonce de la saison 2 : 

Écrire commentaire

Commentaires: 0