Edge Of Tomorrow : De la bonne influence des jeux vidéos pour le cinéma

 

L’immense majorité des adaptations de jeux vidéos au cinéma sont d’indescriptibles navets, beaucoup font même partie de ce qu’il y a de pire dans l’histoire du cinéma.

Ceux qui échappent à cette triste règle sont les films qui comprennent comment reprendre des codes du jeu vidéo pour les rendre utiles et appréciables au cinéma, et qui ne sont d’ailleurs pas des adaptations directes de jeux mais bien inspirés par eux.

C’est ce que réussit très bien Edge of Tomorrow, après le plus politique District 9 (2009) de Neil Blomkamp, un modèle du genre, et constitue pour cela une agréable surprise.

 

L’influence du jeu vidéo, au-delà de l’esthétique du film, se voit dans son concept principal : la régénération permanente du personnage après sa mort, comme dans un jeu vidéo où le « game over » n’introduit en réalité qu’une nouvelle partie où l’on tachera de ne pas recommencer la même erreur. Le procédé est risqué : on pourrait être vite lassé de la répétition et s’ennuyer ferme. Mais Edge of Tomorrow, comme les autres films qui faisaient revivre sans cesse la même journée à leur personnage : Un Jour Sans Fin (1993) de Harold Ramis et Source Code (2011), de Ducan Jones , parvient à éviter cet écueil par son originalité.

 

Par sa visée ludique assumée et ses ambitions non prétentieuses, Edge of Tomorrow affirme son côté fun avec une dérision bienvenue et beaucoup d’humour. Il réussit même mieux qu’un autre film du genre : Battleship, car Edge of Tomorrow est ...vraiment drôle !
Voir Tom Cruise faire tout pour éviter le champ de bataille, puis mourir une cinquantaine de fois, supplier Emily Blunt de ne pas l’achever parce qu’il est blessé (« je me suis juste cassé un orteil ») ou aller jusqu’à lui proposer de lui transmettre sexuellement son pouvoir de résurrection pour éviter de retourner au combat, est plutôt hilarant. 

 

 

Un des autres aspects très rafraichissant de Edge of Tomorrow est son rapport au genre. Alors que Tom Cruise, héro des Missions Impossibles, la figure virile absolue, est ici représenté au départ comme un lâche et un déserteur dans un dialogue d’ouverture très drôle, le personnage féminin joué par Emily Blunt est elle intelligente et courageuse.
Elle fait partie de ces personnages de femmes qu’on est de plus en plus content de voir dans un certain nombre de films d’action récents (avec pour référence absolue le très féministe Mad Max 4 de George Miller) à savoir toujours à égalité avec le héros masculin, même dans ses capacités physiques, jamais inférieure. Sans être dans les clichés qui entourent la femme virile, Rita (Emily Blunt) apparaît même comme moins sentimentaliste que William (Tom Cruise).
Pas potiche pour un sou, si Emily Blunt est ici belle et sportive (mais comme peut l’être Tom Cruise après tout…) elle n’est pas hypersexualisée.

 

On peut même le dire : le personnage d’Emily Blunt dans Edge of Tomorrow, gros blockbuster d’action hollywoodien, apparaît finalement comme bien plus féministe que celui qui lui est attribué dans le récent Sicario… 

 


Enfin et c’est quand même le principal pour un film de ce type : Edge of Tomorrow dispose d’une grande maîtrise des scènes d’action et on retrouve une part du plaisir de cette destruction chorégraphiée qu’on a pu avoir récemment devant le dernier Mad Max. 

 


Drôle, doté d’une excellente mise en scène, soutenus par des acteurs au top, quasi-féministe ou à minima rejetant soigneusement le machisme habituel du film d’action, Edge of Tomorrow répond parfaitement à son objectif avant tout ludique et s’avère une distraction de qualité.


Anatole TREPOS 

 

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