Star Wars VII : un succès sans risque


Avec une attente pareille, on pouvait craindre la possibilité de n’être que déçu. Star Wars VII est déjà entré dans l’histoire du cinéma en devenant le 3e film en termes de recettes mondiales. Et avec de tels enjeux commerciaux (Disney avait racheté Star Wars pour 4 milliards de dollars), difficile d’imaginer de grosses prises de risques, c’était notamment ce que nous traitions dans notre article sur l’influence des conditions de production.

 

Pourtant avec J.J. Abrams, qui réussit l’exploit geek d’avoir dans sa filmographie un film à la manière de Spielberg, Super 8, un Mission Impossible (le troisième, un des meilleurs), deux Star Trek et la suite de Star Wars, il y avait des raisons objectives d’être optimiste. En effet jusqu’alors, le créateur de Lost avait toujours réussi à respecter les attentes des fans, tout en y ajoutant sa touche, en modernisant.

Tout d’abord Star Wars VII surprend par sa noirceur, typique des blockbusters américains post-11 septembre, qui semble s’inscrire dans la suite de l’épisode III. Ainsi on est étonné de voir le film s’ouvrir sur un massacre de villageois, ou bien par l’image d’une destruction atomique précédée par les visages terrifiés des habitants devant leur mort certaine. 

 


Les allégories politiques ont toujours été présentes dans Star Wars et dotées d’intérêts inégaux, pêchant souvent par leur manichéisme. Si l’influence du national-socialisme sur l’Empire s’est toujours fait ressentir, on a quand même la sensation que cette fois, Le Reveil de la Force se vautre de manière un peu trop grotesque et lourdingue dans l’iconographie et l’esthétique nazie, avec ces Stormtrooper devenus des einsatzgruppen de l’espace. On semble presque parfois entendre un accent allemand dans ces scènes parodiques des parades de Nuremberg. Disney nous donne ici la sensation quelque peu désagréable de visionner un remake d’Iron Sky  qui se voudrait sérieux. 

 

C’est une tradition pour les Star Wars d’avoir dans chacun des films des acteurs jouant particulièrement mal. Sans parler ici des prestations un peu mornes des « anciens », la prestation de l’acteur interprétant le fils d’Han Solo, Kylo Ren (Adam Driver) apparaît comme peu convaincante voire parfois franchement agaçante.

 

Un point intéressant de ce Star Wars (il y en a quand même quelques uns) est son tournant féministe, avec l’apparition d’un vrai personnage féminin, celui de Rey, jouée par la gracieuse Daisy Ridley. Elle s’inscrit dans cette nouvelle lignée d’héroïne, non-effacée, à égalité avec les hommes, moins sexualisée qu’auparavant, et dont on a eu la meilleure démonstration l’année dernière avec le génial Mad Max 4 (5ème meilleur film de l’année selon les Cahiers du Cinéma !!). Ainsi on note par exemple une scène assez plaisante où Finn cours pour tenter de sauver la jeune femme des griffes de deux vilains avant de réaliser qu’elle maîtrise assez bien le bâton pour se débrouiller seule.


Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, elle souffre un peu de son simplisme, typique de la série, mais encore exagéré cette fois. Heureusement que quelques retournements de situations parviennent à maintenir un minima de suspens (scène du pont).

L’hexalogie de Lucas s’était conclue de manière magistrale, par le meilleur épisode, le troisième, le plus tragique et le moins manichéen, où les contradictions politiques devenaient des combats intérieurs. On se souvient d’Obi-Wan faisant l’expérience si cruelle et universelle de la trahison déclarant « Tu étais comme mon frère. Je t’aimais Anakin ». L’épisode 1, réhabilité dans un très bon article de Vodkaster, avait montré qu’il est très difficile d’innover sur une série aussi culte. De ce point de vue Star Wars VII tombe dans ce qu’on pouvait craindre : on aimerait être un peu plus surpris, à vouloir trop respecter les attentes on se répète, mais cela permet de limiter les risques commerciaux, ce que n’avait pas fait Georges Lucas. C’est pourquoi on peut sans doute donner raison à ce dernier (peut-être en employant d’autres termes) lorsqu’il constate que cet épisode est rétro et pas aventureux en raison de ses producteurs frileux à la prise de risque. On sera toutefois contents de voir la suite, en se disant que l’épisode 7 n’était peut être qu’une introduction un peu trop longue...

Anatole

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